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voyageadeux
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31 décembre 2012

La mine de Granite

Après plusieurs mois d'aventures, un problème se posa lorsque nous arrivâmes sur la Westcoast.DSC02548

Cela faisait plusieurs jours que je voyais en face de moi un être qui en un mot était totalement perdu. En effet Pépère s'ennuyait, Pépère n'était pas dans son assiette, il ne parlait plus, ne mangeait plus, ne s'habillait plus, ne gueulait plus, et chose grave, il ne voulait plus conduire. Imaginez vous un peu, ne plus toucher à un volant, ne plus appuyer sur la pédale d'accélération, ne plus klaxonner en apostrophant les autres conducteurs!

Non, Il avait l'air misérable, la bave au lèvre, le visage morne, l’œil vide, les joues ternes, les oreilles tombantes, enfin la sale gueule quoi. Je ne savais que faire car pourtant j'avais essayer de l'amuser de l'occuper comme on essaye de redonner le sourire aux lèvres à l'enfant qui a perdu son chat, au borgne qui a perdu son œil, à la chèvre qui a perdu Mr Seguin. J'avais tenté plusieurs points d'accroches, tel lui montrer des couchers de soleil à rendre romantique le plus frigide des dictateurs, ou encore le réveiller doucement sur une plage déserte avec vu sur les dauphins et innombrables oiseaux mélodieux.

DSC02530

Mais rien n'y faisait, Pépère était malheureux.

Cependant la vie et ainsi faite que parfois, elle nous guide vers le bon chemin, et c'est ce qu'elle fit en nous amenant par hasard vers les montagnes.

Au départ de notre voyage vers le sud, nous ne devions absolument pas aller dans cette direction, car ces monts escarpés se situaient au nord de notre position et il n'y avait aucun intérêt donc d'y faire un crochet. Pourtant, alors que l'on passait près d'un vieux chemin de fer délabré, je vis un changement notable dans l'attitude de pépère qui se mit a fixer les rails d'un drôle de regard.

margot rock

Il ne disait toujours rien mais je décidais quand même de faire demi-tour et de suivre, ce qui semblait le captiver. Car cela le captivait, plus on avançait, plus je sentais cet être si vide auparavant, reprendre de la consistance, redevenir quelque chose, quelqu'un, redevenir cet homme tendre que j'avais tant aimé..

Arrivé à la fin du chemin de fer, Pépère s'activa comme jamais il ne s'activa, il sortit de la voiture et commença a s'affairer un peu partout en courant, en beuglant des choses incompréhensibles. Phénomène remarquable il s’arrêtait constamment le nez pointé vers le ciel et sentait, oui mesdames messieurs, il SENTAIT, il sentait tel le cochon cherchant la bonne truffe que l'on va mettre dans sa bonne omelette! Le plus étonnant, fut sans aucun doute, quand il s'agenouilla par terre et se mit à ronger à l'aide de ses incisives la totalité de la voie afin d'y enlever la rouille.

Après coup,il s'approcha vers moi et me hurla d'un ton assuré : «  Ca y est, c'est décidé je vais creuser ! »

Et avant que je ne puisse lui poser la moindre question, il se volatilisa. Sacré Pépère dira-t-on mais au point ou est rendu le récit, je ne savais absolument pas ce qu'il voulait creuser ce bougre, car creuser un trou je veux bien, mais bon où est l'interêt? Hein, vous pouvez me dire? OU est le putain d'interêt??????? UN TROU! UN TROU! Je vais t'en creuser un moi, bien profond et je te foutrais les deux jambes dedans si tu continues avec tes idées à la con!

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Soit, je me mis donc à le chercher pendant plusieurs jours dans la ville et ces alentours, quand enfin je croisa une charmante dame chauve et sans dents qui m'envoya vers la direction des montagnes car apparemment elle y avait entendu un vacarme ahurissant. Un peu déconcerté je me mis sans grand espoir, à suive cette piste, et arrivé près des montagnes, je fus estomaqué. J’entendis et je vis quelque chose d'incroyable que nul autre n'avait vu avant moi. Pépère, mon pépère était devenu mineur. En l'espace de quelque jours il avait troué la montagne qui ressemblait désormais plus à un immense gruyère qu'à un bloc rocheux. Et ce n'est pas tout, il avait creuser des galeries tout confort avec lumière et aération, avec un immense ascenseur permettant d'accéder aux plusieurs niveaux. Je le retrouvais donc toute gaîte dans un tunnel d'une mine, sifflotant, dansant et mettant des coups de pioche en même temps :

« Pépère c'est dingue tout ça, mais une question me vient à l'esprit: pourquoi ? »

Il me répondit avec le regard en feu contrastant avec la noirceur de son visage couvert de poussière

«  Pour le granite Pépète, pour le granite ».

Il m'expliqua ensuite qu'il avait réparé la ligne de chemin de fer qui avait été abandonné car construite uniquement pour chercher du charbon, matériau non digne d'un homme de cette noblesse d'âme, refoutu un train dessus et que désormais le granite était acheminé dans tout le pays et vendu via la compagnie qu'il avait fondé en même temps.

Le petit hameau devint rapidement une grande ville, que pépère décida de renommer en l'appelant Granity en l'honneur de sa découverte. Mon homme fut élu plusieurs fois gouverneur, et aimait, même après avoir arrêté de travailler, se promener dans les mines et boire quelques bières avec les mineurs en racontant quelques blagues fort coquaces. Il adorait également tenir compagnie aux enfants que l'on envoyait dans les profondeurs des mines pour prospecter sur de nouveaux filons et que l'on abreuvait à la bière au gimgembre pour leur faire oublier la perte de leurs camarades sous les éboulements fréquents. Quel paternalisme!

alex trainUn jour la mine fut presque vide alors Pépère décida, pour que la gloire de sa ville soit encré sur les pages de l'histoire, de placer les derniers morceaux de granite sur la plage, face à l'océan.

Désormais Pépère est reparti avec moi vers le sud comme convenu, heureux comme un pinçon, et vous pouvez encore, si vous allez à Granity, voir le long de la mer, les pierres de granite innombrables et polies par le ressac des vagues, qui lors des beaux jours irradient de leurs couleurs chatoyantes, le rivage de partie de la Nouvelle-Zélande.

Margot train

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Commentaires
O
On dirait des décors à la gorille dans la brume. Avec un maori dans le rôle du quadrumane HONK HONK HONK.
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